En ces temps incertains, fortement marqués par le coronavirus et son impact économique, je me suis penchée sur la question de comment mieux gérer son mental face à la situation de crise actuelle. Car il s’agit bien d’une crise, où l’angoisse et la peur pointent leurs nez à tout coin de rue. Les gens vident les rayons de papier toilette, volent des masques et gants dans les hôpitaux, sont envahis par la peur quand une personne à proximité a le malheur de tousser, ne sortent plus, ne se donnent plus la main, …
Plus qu’une crise, j’ai le sentiment que c’est devenu une psychose !
Psychose qui a un impact économique important : les entreprises coupent les budgets et postposent leurs investissements, les formations sont annulées, les vols touristiques et professionnels sont annulés, certaines entités manquent de matières premières pour produire les biens et des personnes sont mises en chômage technique. La croissance de l’économie mondiale a été revue à la baisse (de 2.9% à 2.4%), le prix du pétrole ne cesse de chuter, les actions et obligations pointent du nez…
Les gouvernements français, belges et luxembourgeois viennent de décider de mesures drastiques pour endiguer la propagation du Coronavirus. Un acte courageux et probablement justifié.
La question qui me taraude est davantage comment ne pas céder à la panique, et garder la tête froide afin de gérer au mieux nos émotions, nos décisions, nos réactions et impacts. Céder à la panique et laisser nos décisions être influencées par notre cerveau reptilien ne conduira pas à des réponses saines, et pourraient entraîner des problèmes économiques durables. En tant qu’individu, en tant que leader, il est de notre responsabilité de gérer nos émotions et développer notre résilience.
Eclairage sur le fonctionnement de notre cerveau
Le cerveau humain est programmé pour maximiser le plaisir et éviter les dangers. Toute source d’incertitude représente un risque potentiel pour notre survie individuelle. Face à l’incertitude, et les risques que nous percevons, notre « biais de sécurité » va nous amener à examiner les dangers potentiels de façon approfondie et de long en large, et discréditer les données positives.
Dans le contexte du coronavirus, l’incertitude est grande par rapport à beaucoup de paramètres et en l’absence de données factuelles solides, notre cerveau optera par défaut pour le « worse-case scenario ». La grippe saisonnière, présentant des symptômes similaires, ne génère pas le même état de panique car il y a un degré de connaissance et de contrôle par rapport à celle-ci. C’est davantage l’incertitude qui est au cœur des réactions de peur actuelles. Ce n’est pas tant le virus qui inquiète que le manque de clarté par rapport au futur et son évolution.
Et l’incertitude est tout autour de nous, et alimenté qui plus est 24h/24 par les médias. Incertitude quant à comment le virus se propage, incertitude quant à comment le contrôler, incertitude quant à la durée de vie du virus sur des surfaces, incertitude quant au taux réel de mortalité etc. L’incertitude et le sentiment de manque de contrôle sont perçus comme source de danger par notre cerveau, qui déclenche une réaction de stress.
Pour pallier à l’incertitude et le manque d’information, notre cerveau va qui plus est combler les zones d’ombre. Ceci combiné à notre biais de négativité (tendance à davantage voir les éléments négatifs) donne naissance à de multiples rumeurs telles que « un virus créé en laboratoire pour décimer la population » ! (Notez que si tel était bien l’intention, je fais confiance aux laboratoires quant à leur capacité à nous concocter une petite bombe virale bien plus efficace!).
Face à l’incertitude, le réflexe de l’individu est également de consommer les médias à la recherche d’information. Où que vous tourniez la tête, on ne parle que du coronavirus. La communication non-stop dans les journaux, télévision, radio etc. mène les gens à surestimer l’importance du danger. Différentes études ont démontré le lien entre la surexposition médiatique et le niveau de stress des personnes. Les medias sont une arme à double tranchant. A quand des médias plus responsables quant à leur impact sur la société et l’économie? N’oubliez jamais que les médias ont également un objectif de rentabilité et de temps d’écoute donc leur boulot est de capter votre attention. Il en va de notre responsabilité individuelle et de notre capacité de discernement de décider à quoi nous désirons porter notre attention. Donc, à votre niveau, quelle consommation médiatique vous semble-t-elle la plus appropriée pour rester en contrôle de votre mental, calme et apte à prendre les bonnes décisions avec discernement ? David Rock, expert en neurosciences, conseille de limiter votre consommation médiatique sur le coronavirus à 10min/jour.
Etre CEO de ses pensées
Vous avez le pouvoir d’influencer votre mental. Vous avez le choix à chaque instant de décider à quoi vous aller prêter attention, où vous mettez votre focus. Vos pensées influencent vos émotions et vos réactions….et vous êtes maîtres de vos pensées. Certes notre cerveau est programmé pour notre survie individuelle et nous avons des biais de négativité et de sécurité, mais il appartient à chacun de nous de décider d’entraîner notre cerveau à se focaliser sur les opportunités et les solutions plutôt que les dangers et les risques. Votre état d’esprit influencera votre perception de la réalité, aura un impact sur votre santé et votre système immunitaire, sur votre performance et niveau d’énergie en général.
Concrètement, comment s’y prendre ?
Slow down ! Ralentir, se poser et explorer avec curiosité et non-jugement les pensées qui traversent votre esprit. Nous fonctionnons en mode automatique la majeure partie du temps, sans avoir conscience de nos automatismes, de nos pensées limitantes, de nos erreurs de jugements.
Evaluez la qualité de vos pensées et la mesure dans laquelle elles vous sont bénéfiques
Décidez par quelles pensées alternatives vous pourriez substituer vos pensées actuelles
Décidez également des informations que vous allez « ingérer » et analysez-les avec discernement et sens critique. Allez-vous principalement mettre votre attention sur les éléments négatifs ou allez-vous entraîner votre cerveau à également inclure dans son champ de vision les évolutions positives et les opportunités sous-jacentes à la situation actuelle ? Dans le cas du coronavirus, vous avez la possibilité de ne filtrer que les données mettant en avant l’évolution du virus, le nombre de morts, l’impact économique etc. (à savoir 133.970 personnes contaminées dans le monde dans 120 pays, près de 5000 décès). Vous avez également la possibilité de prendre en compte que le taux de propagation s’est réduit en Chine (8 nouvelles contaminations jeudi, le chiffre le plus bas depuis le début de la publication des statistiques), qu’au Japon le nombre de personnes guéries a dépassé jeudi celui des nouvelles contaminations, que dans 80% des cas les symptômes du coronavirus sont faibles au point que des personnes infectées n’ont très probablement pas été déclarés dans les statistiques réduisant ainsi le taux réel de mortalité dû au coronavirus, etc.).
Vous avez également la possibilité de voir les opportunités sous-jacentes aux mesures prises par les gouvernements telles que du temps de qualité avec vos enfants. En tant qu’indépendant (comme je le suis), vous pouvez soit succomber au stress face à la chute drastique de vos commandes ou décider d’utiliser ce temps au mieux pour développer des solutions alternatives qui germent dans votre esprit depuis quelque temps.
Il vous appartient de décider sur quoi vous aller porter votre attention, et quels réseaux neuronaux et modes de pensées vous aller renforcer.
Lien mental- corps – émotion
Au-delà de la gestion mentale, vous pouvez renforcer votre intelligence physique et émotionnelle pour accroître votre résilience. Nos trois intelligences (mental, émotionnel et physique) s’influencent en effet continuellement, et différentes études en neurosciences offrent des éclairages passionnants sur ce sujet. Je ne pourrai pas m’étendre sur le sujet dans cet article, et propose donc de vous donner quelques éléments clés.
Physique : l’activité physique permet une amélioration de notre fonctionnement mental et cognitif et impacte notre humeur de façon positive. C’est un moyen simple et efficace pour maximiser notre potentiel cérébral et gérer notre état émotionnel. Planifiez des activités physiques (jogging, marche, etc.). De plus, pour faire face au coronavirus, renforcez votre système immunitaire en prenant des vitamines D et C, envisager une cure de propolis, voire prenez des huiles essentielles (par ex. le ravintsara). Une alimentation saine, une hydratation optimale et un sommeil réparateur sont également des fondamentaux pour un mental optimal.
Emotionel: les émotions positives sont associées a une meilleure capacité cognitive, une plus grande capacité de prise de recul et de résolution de problème. Les émotions positives renforcent également la résilience (mentale et physique). Changer votre posture physique (par ex. en sautant, souriant, ...) peut influencer votre état émotionnel.
Mental : gérer son mental et développer un état d’esprit positif impacte notre performance, la qualité de nos interactions, notre santé et système immunitaire, notre force physique. Comme mentionné ci-dessus, décidez avec conscience à quoi vous allez prêter attention et de quelles informations vous allez vous nourrir mentalement.
Changements adaptatifs dans un monde où le changement est la nouvelle norme
Le coronavirus n’est à mes yeux qu’une illustration, un cas parmi d’autres, d’un problème adaptatif propre à un monde incertain, complexe et en changement continu. Certes, la situation est impressionnante et source de souffrance pour plusieurs familles confrontées à des décès.
Dans un monde VUCA interconnecté, d’autres challenges se présenteront à nous, d’autres défis auquel il nous sera donné de nous adapter.
Ces défis adaptatifs, actuels et futurs, nous invitent à nous poser plusieurs questions
Face à l’incertitude, comment gérer notre mental, rester calme et activer notre centre de pensée adaptatif pour une prise de décision optimale ?
En tant que leader, comment garder la tête froide, insuffler le calme dans les équipes et faire preuve de courage?
En tant qu’entreprise, quelles initiatives mettre en place pour stimuler la flexibilité et l’agilité de son système face à des problèmes d’envergure ? Comment stimuler la résilience individuelle, collective et organisationnelle?
Quel est le rôle de la presse dans la gestion de problèmes adaptatifs ?
Les problèmes adaptatifs sont une invitation à se réinventer, à se remettre en question pour mieux rebondir dans le futur. Ils sont sources d’inquiétude, certes, mais également d’opportunités et de réinvention. Le plus nous serons à même de développer notre résilience individuelle et collective, le plus nous serons aptes à naviguer dans un monde en changement perpétuel et en saisir les opportunités tout en gérant les risques potentiels.
J’ai hâte de vous lire et échanger davantage avec vous sur ce sujet !
Alexandra